Quels sont les secrets des centenaires japonais ?

Le Japon vient de battre un nouveau record en 2025, celui du nombre de centenaires qui a dépassé les 100000 personnes ! Mais quel est leur secret ? D'où vient cette longévité hors norme ?Le shiatsu fait-il réellement partie de la boîte à outils nippone et si oui, dans quelle mesure ? C'est ce que nous allons voir dans cet article.

La longévité exceptionnelle des Japonais est sans doute dûe à une combinaison harmonieuse de plusieurs éléments liés au mode de vie, à la culture et à l’environnement.

L'équation gagnante repose au délà de la génétique sur l'alimentation, les exercices physiques, le système médical, les interactions sociales, les massages...

Une alimentation saine et équilibrée

L’alimentation japonaise traditionnelle washoku en kanji 和食 est un pilier majeur de leur longévité qui se caractérise par :

• Consommation importante de poissons et fruits de mer riches en oméga-3, bons pour le cœur et le cerveau : réduction du risque de maladies cardiovasculaires.
• Beaucoup de légumes et algues avec un apport en fibres, minéraux et antioxydants puissants : renforcement du système immunitaire et prévention de l’inflammation.
• Soja et produits dérivés (tofu, miso, natto) source de protéines végétales et d’isoflavone : effet protecteur contre certains cancers et l’ostéoporose.
• Riz comme source d’énergie généralement consommé en petite quantité, accompagné d’aliments variés.
• Peu de sucre et de produits transformés d'où un taux d’obésité très bas (environ 4 % contre plus de 20 % dans beaucoup de pays occidentaux)
• Et enfin le principe du Hara Hachi Bu en kanji 腹八分 qui repose sur le fait de manger jusqu’à 80 % de satiété. C'est une habitude traditionnelle qui évite la suralimentation et favorise la longévité.

Une activité physique naturelle et régulière

Les Japonais ne pratiquent pas forcément du sport intense, mais ils bougent beaucoup au quotidien :

• Marche et vélo : très courants pour aller au travail ou faire ses courses.
• Escaliers et déplacements fréquents dans les villes et villages.
• Activités douces comme le tai-chi, le jardinage ou la gymnastique matinale (rajio taisō).
• Cela réduit la sédentarité, un facteur majeur de maladies chroniques.

Une forte cohésion sociale, le soutien communautaire et familial

L'exemple culturel typiquement japonais est Ikigai 生き甲斐 une philosophie qui donne un but à la vie, une motivation quotidienne.  : une raison d’être.

Étroitement liée au bien-être mental et émotionnel.

Les personnes âgées ne sont pas isolées : elles continuent de contribuer à la société.

Réseaux de solidarité dans les villages et quartiers (moai à Okinawa).

Ce lien social réduit la solitude, le stress et la dépression.

Le stress chronique est un facteur de vieillissement prématuré. Le tissu social japonais agit donc comme un facteur protecteur.

La médecine préventive

Le système de santé est à la fois préventif et accessible.

Par exemple, des check-ups réguliers et obligatoires sont organisés dans les entreprises.

Il y a des dépistages précoces des maladies graves (cancers, diabète, hypertension).

Le système de santé universel garantit l’accès aux soins avec un fort encouragement des patients à prévenir plutôt que seulement soigner.

L'hygiène et un environnement sain

Habitudes d’hygiène très strictes : lavage fréquent des mains, retrait des chaussures à l’entrée des maisons.

Bains chauds (onsen ou sento) qui favorisent la détente et la santé de la peau.

Villes généralement propres et environnement globalement sûr.

La gestion du stress et l'équilibre de vie

Au Pays du Soleil Levant, on s'exerce à une philosophie de la modération et du respect des autres.

De nombreuses activités relaxantes intégrées dans la vie courante comme les cérémonies du thé, la méditation, les massages et shiatsu sont initiées.

Moins d'exposition à la « course au rendement » que dans certaines cultures occidentales, même si le surmenage, karoshi ou burn out, reste un problème dans certaines entreprises.

La place réelle des massages :

Le Japon a une longue histoire liée aux massages et aux techniques manuelles. Certaines formes de massage et de thérapie corporelle sont intégrées dans la vie quotidienne, mais pas toujours de la même manière qu’en Occident. 

Le massage au Japon est à la fois une pratique traditionnelle et une habitude de bien-être moderne.

Le shiatsu et l'anma occupent une place importante dans la santé publique. Ces massages sont reconnus légalement, enseignés dans des écoles spécialisées et parfois remboursés dans un cadre médical précis. Bien qu'ils ne constituent pas le pilier principal de la prévention, ils complètent parfaitement d'autres habitudes comme l'alimentation équilibrée, l'activité physique et la médecine préventive.

Anma あん摩, le massage traditionnel :

• Originaire de la médecine chinoise, introduit au Japon il y a plus de 1 000 ans.
• Utilise des techniques de pression, pétrissage et étirement pour stimuler la circulation et l’énergie (ki).
• Traditionnellement pratiqué à la maison par des membres de la famille ou des praticiens formés.
• Aujourd’hui, on en retrouve les principes dans le shiatsu.

Shiatsu 指圧, l'un des massages populaires :

• Signifie littéralement « pression avec les doigts ».
• Développé au début du XXe siècle par Tokujiro Namikoshi.
• Utilise des pressions avec les doigts, les paumes et parfois les coudes pour rééquilibrer le corps.
• Vise la relaxation, mais aussi la prévention et le soulagement de douleurs musculaires ou de la fatigue.
• Très répandu au Japon, pratiqué dans les salons spécialisés, à la maison, grâce à des fauteuils de massage électriques, ou dans les onsen (sources thermales).

Les massages dans la vie quotidienne :

Même si tout le monde ne va pas régulièrement chez le masseur, plusieurs habitudes rendent le massage assez présent :

• Fauteuils de massage : très courants dans les foyers japonais et dans les centres commerciaux.
• Auto-massage : beaucoup de Japonais pratiquent de simples gestes sur la nuque, les épaules ou les pieds pour se détendre.
• Massages des pieds (sokuatsu) : populaires dans les villes après une journée de marche.
• Bains chauds (onsen ou sento) : l’eau chaude prépare le corps à la détente et complète l’effet du massage.
• Gymnastique matinale (ラジオ体操, rajio taisō) : une forme de massage interne par le mouvement.

Leur rôle dans la longévité et le bien-être ?

Le massage au Japon n’est pas seulement du luxe ou du confort :

• Il aide à réduire le stress, qui est un facteur majeur de nombreuses maladies.
• Il améliore la circulation sanguine et lymphatique, soutenant la récupération musculaire.
• Il favorise la connexion sociale, surtout lorsqu’il est pratiqué en famille ou entre amis.

Statut légal et reconnaissance

• Le shiatsu et l’anma sont officiellement reconnus comme professions médicales traditionnelles au Japon.
• Pour exercer légalement, il faut suivre 3 ans de formation dans une école agréée par le ministère de la Santé, réussir un examen national.
• Le titre de praticien en anma, massage et shiatsu あん摩マッサージ指圧師 est protégé par la loi.
• Cette reconnaissance distingue le shiatsu et l’anma des massages purement « relaxants » que l’on trouve dans les spas.

Intégration au système de santé

• Bien que le shiatsu et l’anma soient encadrés, ils ne sont pas considérés comme de la médecine occidentale stricte. Leur intégration se fait de plusieurs façons :
• Couverture partielle par l’assurance maladie
• Dans certains cas, l’assurance maladie publique japonaise peut rembourser les séances, notamment pour des douleurs chroniques, la rééducation après une blessure, des troubles musculo-squelettiques.
• Pour être remboursé, il faut une ordonnance d’un médecin.
• Cela limite les abus et garantit que le massage est utilisé à des fins médicales.

Utilisation en hôpitaux et cliniques

• Certains hôpitaux intègrent le shiatsu ou l’anma dans les soins de rééducation ou la médecine palliative.
• On les trouve dans les services de rééducation orthopédique, la prise en charge des douleurs chroniques, les programmes de réduction du stress et de soutien psychologique. 
• Cette approche est proche de ce qu’on appelle en Occident la médecine intégrative.

Pratique privée et grand public

• En dehors du système médical officiel :
• Beaucoup de Japonais vont dans des salons de shiatsu ou de massage pour se détendre après le travail.
• Il existe de nombreux petits cabinets de quartier et des chaînes spécialisées.
• Les fauteuils de massage automatiques sont très populaires, considérés comme un outil de bien-être à domicile.

Les différences avec l’Occident

• En Occident, le shiatsu est souvent vu comme une pratique alternative, parfois non réglementée.
• Au Japon, il est professionnalisé et réglementé, avec un contrôle de l’État sur la formation et la pratique.
• Cette reconnaissance officielle explique pourquoi les massages ont une légitimité médicale plus forte qu’en Europe ou en Amérique du Nord.

On peut dire que les massages, notamment l’anma et le shiatsu, jouent un rôle important dans la prévention de la santé au Japon, mais avec quelques nuances.

Ils ne sont pas la pierre angulaire du système de santé, comme l’alimentation ou l’activité physique, mais ils constituent un élément culturel et médical complémentaire qui participe à la prévention et au bien-être.

Leur rôle préventif reconnu :

• Le shiatsu et l’anma s’inscrivent dans une vision globale du corps héritée de la médecine traditionnelle asiatique.
• L’objectif est de maintenir un équilibre énergétique et physique avant que la maladie n’apparaisse.
• Le massage est donc vu comme un outil de prévention, pas seulement comme un traitement curatif.

Un soutien au système médical

• Bien qu’ils ne remplacent pas la médecine moderne, ces massages sont utilisés pour prévenir les douleurs musculaires et articulaires, réduire le stress et la fatigue, améliorer la circulation sanguine et lymphatique, soutenir le système immunitaire grâce à la relaxation et la diminution du cortisol.
• Dans certains cas, un médecin peut prescrire des séances pour éviter l’aggravation d’un problème de santé, par exemple pour des troubles musculo-squelettiques.

L'accessibilité et leur usage au quotidien

• Les massages sont très accessibles au grand public : salons spécialisés dans toutes les villes, fauteuils de massage présents dans de nombreux foyers, centres commerciaux et gares, auto-massages enseignés dans des livres ou programmes télévisés.
• Ils font partie d’un mode de vie préventif, au même titre que les bains chauds (onsen, sento), la marche quotidienne, une alimentation équilibrée.
• Cette accessibilité favorise une pratique régulière, ce qui est essentiel pour la prévention.

La dimension culturelle et psychologique japonaise

• Le massage est aussi un moment de détente et de reconnexion avec soi-même.
• Réduit l’impact du stress, qui est un facteur majeur de maladies chroniques.
• Cette approche s’intègre à la philosophie japonaise de la prévention par l’équilibre (corps, esprit, société).

En conclusion :

• Les massages ont une place significative dans la prévention au Japon.
• Ils ne sont pas le pilier principal mais constituent un soutien complémentaire à d’autres habitudes de vie.
• Leur efficacité préventive repose surtout sur la régularité et leur intégration dans la routine quotidienne, plutôt que sur des interventions ponctuelles.

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