Comment gérer son énergie ?
Auteur : Publié le 18/04/2019 à 09h12 -Même si c’est un sujet qui est souvent abordé lors des formations de Shiatsu, la question vaut toujours le coup d’être posée. Il y a fondamentalement trois aspects à la question de la gestion de l’énergie pour le praticien : le quantitatif, le qualitatif et l’aspect transfert/remontée de l’énergie du patient. Abordons tranquillement chacun de ces points.

Le quantitatif
La première chose que l’étudiant en Shiatsu apprend dans un cours ce sont les exercices personnels d’échauffement, de respiration et d’étirement. On peut dire que c’est même la toute première chose qu’il découvre, bien avant de commencer à exécuter des pressions sur ses co-étudiants. Ces exercices dont les makko-ho issus du Shiatsu Iokaï sont les plus célèbres ont pour but de débloquer la circulation énergétique, puis d’augmenter le flux et enfin d’apprendre à conserver ce qui a été mis en mouvement. Il s’agit tout d’abord d’une prise de conscience, d’un éveil à cette dimension que les non-pratiquants résumeront sous des expressions du type « être en forme, avoir la patate, être boosté, péter le feu » et bien d’autres encore. Plus le corps se débloque, s’assouplit, se détend et se renforce dans le même temps, plus la circulation du Ki se fait importante.
L’important est d’être capable de fabriquer l’énergie… sans s’épuiser. Et ce petit détail vaut de l’or. Par exemple, un bodybuilder va transpirer beaucoup, dégager beaucoup d’énergie, mais en consommer beaucoup également. A la fin de sa séance, il sera bien « rincé » comme l’on dit familièrement, c’est-à-dire épuisé. Le pratiquant de Shiatsu doit savoir augmenter sa quantité d’énergie d’un côté sans avoir à puiser dans toutes ses ressources intérieures de l’autre. Il doit finir ses exercices avec davantage de Ki qu’au début. Cette notion exige que l’on trouve les exercices qui soient le moins énergivores tout en ayant un rendement qui soit intéressant pour attaquer une journée de pratique de, par exemple, 6 heures de Shiatsu.
Le Yoga l’a bien compris, les étirements apportent une grande souplesse du corps. Cette souplesse est en même temps une grande force, car ce qui est souple peut plier sans rompre. Mais ce sont surtout des exercices qui ne demandent pas une grande quantité d’énergie pour être réalisés. En revanche, ils demandent une grande volonté intérieure qui est aussi une des formes de l’énergie. Plus on la développe, plus l’énergie du Shen Qi est forte.
D’une manière générale, pour augmenter la quantité de Ki, on choisira de travailler sur les axes suivants :
- Étirements, assouplissements, travail des méridiens
- Exercices respiratoires de type Qi gong ou martiaux
- Renforcement du corps (comme la gymnastique naturelle en forêt ou en tension statique comme dans le Pilates)
- Enfin, tout ce que l’on découvre dans la vie et qui nous apporte une élévation du Ki
La qualité
On peut avoir une belle énergie, savoir la dégager avec intensité, et dans le même temps qu’elle soit de qualité médiocre. Par exemple des mains qui chauffent fortement c’est toujours intéressant, mais si elles ne savent faire que cela c’est un peu juste. Comment la rendre utile, fluide, énergisante pour la personne que l’on touche ? Il faut alors se poser la question suivante : qu’est-ce qui, jour après jour, va donner de la qualité à mon stock d’énergie ?
Pensez tout simplement à tout ce qui nous renforce dans la vie. En premier lieu l’amour bien entendu, la stabilité émotionnelle en général, mais aussi l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle, entre les devoirs et les plaisirs. Toutes les formes d’équilibres sont bonnes à prendre. Mais les cultiver au quotidien est un tout autre challenge qui nécessite de prendre conscience de ce que nous sommes, de nos points forts comme de nos points faibles, de la manière dont nous fonctionnons et réagissons et de développer une auto-discipline pour nous permettre d’atteindre cet objectif.
La méditation est sans doute la technique la plus appropriée pour augmenter la qualité énergétique, pour la rendre plus dense, plus douce et plus solide à la fois. En travaillant la présence à soi, le Ki devient plus fluide et plus lumineux, car on accède à cette dimension où il se trouve être toujours disponible et encore non utilisé : le moment présent.
L’alimentation est aussi un bon moyen de gagner à la fois en quantité et en qualité d’énergie. Mais il faut bien comprendre que le corps ne doit pas être trop rempli sinon il dépense beaucoup juste pour digérer ce qu’il a ingéré. Il est conseillé de manger tous les jours un peu moins que la capacité de son estomac, ce qui lui permet de fonctionner de manière optimale tout en restant léger. Et puisque l’on parle d’alimentation trois phénomènes vont venir renforcer la qualité de notre énergie : la qualité des produits consommés (sans pesticides ou conservateurs), le temps de préparation et dont l’implication et l’amour qu’on porte à la cuisine, ainsi que la longueur de notre mastication.
La préparation de la journée est aussi un bon moyen d’augmenter la qualité de son Ki. Venir en avance dans son cabinet de Shiatsu, ranger et nettoyer sa pièce, s’étirer et respirer, calmer son esprit et se laisser être tout simplement renforce de loin l’énergie du corps, mais aussi du lieu de pratique. L’esprit vide et le cœur ouvert, vous serez prêts à prendre ce que le Ciel aura décidé de vous envoyer.
La manière de voir les choses est encore un bon moyen d’augmenter sa qualité énergétique. Nous avons toujours le choix d’aborder une situation ou une information selon un angle ou un autre. Rien ne nous empêche de ne pas subir tous les courants d’air de la vie et de les suivre comme une girouette. Si l’on accepte que tout ce qui vient à nous est une leçon, une expérience de vie, nous deviendrons de plus en plus attentifs et reconnaissants d’apprendre chaque jour une nouvelle chose. Nous pouvons aussi décider d’être constamment reliés au Ciel et à la Terre. Ou bien heureux, même si parfois la vie est difficile, mais ce n’est qu’une phase incontournable dans le fait d’être heureux, bref, nous pouvons orienter notre regard. Il en va de même des « problèmes » des patients. Nous pouvons les prendre comme des râleurs, des grincheux permanents, ou considérer que ce sont des gens en souffrance et développer notre compassion envers eux. Là oui, dans ce cas-là, nous exerçons une poussée qualitative de notre énergie.
Il existe bien sûr bien d’autres choses que l’on pourrait citer, comme toutes les pratiques vibratoires (bols tibétains, chant, musique, utilisation des cristaux…) pour améliorer la qualité de notre Ki. Quel que soit notre choix, il faut le pratiquer quotidiennement, car chaque jour il est nécessaire de travailler sur soi. Rien n’est jamais acquis.
Mais la plus belle chose qu’expérimentent les praticiens de haut niveau, de leur propre aveu, c’est la gratitude. Cette gratitude de tous les instants, pour la vie, la maladie, la rencontre avec les souffrants, les échanges, la délivrance, le contact avec l’énergie, la sensation de circulation entre Ciel et Terre, toutes les grandes choses et les petits actes quotidiens, pour enfin avoir la possibilité de faire du Shiatsu et de suivre sa Voie, cette gratitude-là les remplit de joie. Leur Ki rayonne alors et leur permet de réaliser des traitements fabuleux.
Transfert et remontée énergétique
Arrive alors la question à 1 million d’euros que tous les débutants posent à leur professeur : comment se protéger de l’énergie d’un patient ? Cette question est troublante à bien des égards, tout d'abord parce qu’effectivement les enseignants répondent et donnent leurs trucs et astuces pour se protéger de l’énergie dite « négative ». Se laver les mains à l’eau froide pour bien les drainer, mentalement bloquer la remontée énergétique, ne pas se donner trop et ne pas envoyer son énergie chez l’autre, réaliser la méditation de la douche céleste pour se nettoyer, prendre effectivement une bonne douche avec de l’eau cette fois-ci, utiliser des cristaux de décharges et de protection, ce ne sont pas les recettes qui manquent. J’aurai tendance à considérer ces aspects-là comme des astuces pour les débutants. Mais une fois que le Ki a été bien travaillé tant en quantité qu’en qualité, le corps ne craint plus grand-chose. Bien sûr, tout le monde peut faire l’expérience d’une remontée énergétique désagréable, mais il me semble que plutôt que d’en avoir peur, il faut être content de vivre cette expérience qui nous donne une bonne idée du niveau que nous avons atteint. Tant que nous sommes vulnérables, c’est qu’il faut travailler encore plus fort sur soi. C’est cela une Voie : un chemin qui nous enseigne encore et toujours et nous pousse à nous améliorer.
L’autre aspect troublant de cette demande de protection est son incohérence. Nous voulons faire bouger l’énergie du patient, mais sans être affecté. Nous voulons aider la personne, mais sans s’engager. Nous voulons jouer avec l’énergie, mais sans en avoir les aspects pénibles. Nous voulons soigner avec l’énergie, mais pas laisser ses mouvements se faire vers nous. Bref, nous voulons travailler à sens unique ce qui revient à dire que nous allons nous épuiser et d’autre part que nous n’avons rien compris aux principes fondamentaux du Ki qui est avant tout du mouvement. Bloquez-le et rien ne se fera correctement. Il est grand temps de dépasser cette vision du travail en Shiatsu.
Qu’est-ce qu’une énergie appelée « négative ». C’est une énergie qui ne vibre pas correctement, qui n’est pas dans le sens de l’écoulement harmonieux ou qui stagne en un endroit du corps. On pourrait dire qu’il s’agit d’une énergie qui indique la souffrance, tout simplement. Le praticien devrait au contraire laisser remonter consciemment cette vibration et la diriger dans son cœur, la purifier, la transformer en lumière, en amour, et la renvoyer vers le patient, parce que fondamentalement c’est son énergie, pas la nôtre. Ainsi, on se fatigue peu, on ne fait que changer la vibration, sans rien garder pour soi. Ainsi, le corps du patient est ressourcé, renforcé et nous aussi par le bien que nous faisons.
Pour ce qui concerne le don de sa propre énergie, cela doit être un choix et non pas une obligation. Généralement, il est plus sage lors de la première séance de voir comment le patient se débrouille tout seul, si ses forces internes sont capables de remettre le corps et l’esprit en état. Ainsi, on autonomise la personne plutôt que de devenir sa béquille. Dans les cas où il faut donner un peu de soi, autant que ce ne soit pas son énergie personnelle, mais celle infinie du Ciel et de la Terre qui s’écoule à travers nous. Pour cela, il suffit de ne rien vouloir, mais juste d’être entièrement présent à ce que l’on fait, dans le remerciement et la joie pour ce qui nous est donné de faire.
Bonne pratique.
Ivan BEL
Praticien et enseignant de Ryoho Shiatsu
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