Comment évaluer ses besoins de formation continue ?
Auteur : Publié le 29/11/2018 à 13h30 -Lorsqu’on est praticien de Shiatsu, il n’est pas toujours facile de savoir ce dont on a besoin pour continuer à évoluer dans sa pratique. Les cours à l’école sont loin derrière nous et l’offre des stages est très variée. Que faire ? Que choisir ? Essayons de nous guider à travers la jungle des formations. Il faut bien l’admettre, le temps où nous étions étudiants en Shiatsu dans une école était rassurant et confortable.

Nous nous laissions aller, suivions les cours l’un après l’autre, faisant confiance à l’enseignant pour nous mener vers le diplôme final.
Mais une fois le fameux sésame en main, la plupart des praticiens sont livrés à eux-mêmes et constate que finalement ils ne savent pas grand-chose encore.
Tout comme dans les arts martiaux lorsqu’on obtient la ceinture noire, ce n’est que la première marche d’un long escalier.
Et c’est bien normal, car le Shiatsu est une Voie et non pas un simple job dont on pourrait faire le tour des techniques un jour où l’autre.
D’ailleurs, le jour où vous vous dites « j’ai tout compris », vous pouvez être sûr et certain de cesser votre progression.
Heureusement, toutes les organisations nationales de Shiatsu vous pousseront à suivre une formation continue, car il n’existe pas de fin au chemin du Shiatsu.
Voici plusieurs solutions qui s’offrent à vous.
Reprendre les études
Avec le temps et l’expérience, on s’aperçoit que les étudiants les plus brillants sont aussi les plus bosseurs. Si vous n’étiez pas de ceux-là, profitez de la fin de vos études pour les reprendre depuis le début. Sortez vos supports de cours, vos cahiers de notes, vos livres et relisez tous les chapitres. Avez-vous bien compris ou suffisamment expérimenté chaque aspect des connaissances que votre enseignant vous a légué ? Cela vous permettra de vérifier et digérer l’entièreté de votre programme, car bien souvent un enseignant donne beaucoup de détails et il n’est pas possible de tout retenir sur le moment.
Autre solution intéressante, reprendre les études de Shiatsu dans une autre école et – si possible – dans un autre style de Shiatsu. Avec les années, on constate que les meilleurs praticiens sont généralement ceux qui ont faire suivi 2 ou 3 cursus complets et intégrés plusieurs approches du Shiatsu. Chaque enseignant va également amener un éclairage différent sur une même problématique.
Par exemple pour traiter de troubles cervicaux, l’approche Namikoshi est très différente de l’approche Masunaga, qui est encore différente de celle d’Ohashi.
Et pourtant, elles sont toutes pertinentes.
Les connaître toutes permet d’avoir de nombreux outils en main et de pouvoir répondre à bien plus de situations qu’avec une seule école dans votre bagage.
En tant qu’enseignant, j’encourage mes étudiants à étudier d’autres écoles, une fois qu’ils ont fini leur cursus, car mieux vaut ne pas en faire deux à la fois, au risque de tout mélanger et de ne rien comprendre.
Chaque système est un tout cohérent qu’il faut étudier en entier avant de passer à autre chose.
Bien sûr, il y a les livres. Mais les livres ne sont utiles que pour confirmer et approfondir ce que l’on sait déjà où ce que l’on est en train d’étudier avec un professeur.
Dans une technique manuelle, rien n’est aussi important que la parole et le geste d’un professeur avant de pratiquer, encore et toujours.
Évaluer ses besoins
Bien évidemment, il reste les stages qui vous sont proposés à droite et à gauche. Mais ceux-ci ne sont pas toujours très clairs quant à leur contenu. Derrière des titres souvent alléchants, la réalité est assez décevante et ne tient pas toujours ses promesses.
Aussi, je recommande de sélectionner les enseignants qui proposent des stages, de se renseigner sur la personne pour savoir si la formation est réellement intéressante.
Plutôt que de piocher des stages au hasard, posez-vous la question de vos besoins.
- Quels sont vos points forts et vos points faibles ? Soyez honnête avec vous-même et faites un rapide bilan. La pratique professionnelle vous confronte rapidement à vos manques et ce sont ces aspects-là qu’il faut renforcer. Savez-vous faire correctement un bilan énergétique (observations de l’œil, langue, pouls, ventre posture, ligne du visage, texture des méridiens…) ? Avez-vous une bonne technique qui évite la fatigue et ne vous fait pas mal au dos ou aux genoux ? Connaissez-vous tous vos points et les 72 méridiens (méridiens principaux, vaisseaux merveilleux, méridiens de communication, divergents, tendino-musculaires…) ? Êtes-vous au point sur les pathologies version chinoise ou occidentale ? Possédez-vous bien l’anatomie, la physiologie… ce ne sont pas les domaines qui manquent. Classez vos points faibles par ordre d’importance.
- Quel est votre but ? Vous pouvez certes combler tous vos points faibles, mais cela risque de vous décourager. Fixez-vous un but comme être au point sur l’aspect mécanique des traitements Shiatsu. Ou bien tout savoir sur la médecine orientale ? Ou encore approfondir des connaissances que vous n’avez que survolées. Votre but pourrait aussi de chercher à vous spécialiser dans un domaine particulier afin de créer la différence avec la concurrence. Par exemple, tout savoir sur le traitement des lombalgies ou de la sclérose en plaques.
- Quel est votre budget ? Les stages ne sont pas gratuits et représentent une somme non négligeable sur votre budget annuel. Par conséquent, il faut investir son temps et son argent de manière à avoir ce que vous voulez et non pas de papillonner et faire son marché au petit bonheur la chance.
Bien sûr, vous n’aurez pas toujours toute l’offre dont vous rêvez sous la main, aussi il faut parfois se jeter à l’eau et expérimenter par soi-même avant de se faire une opinion sur un enseignant ou une thématique. Heureusement grâce à Internet et aux groupes de discussion (notamment sur Facebook), il est possible de se renseigner au mieux.
Sortir des sentiers battus
Le Shiatsu est en soi un univers déjà bien assez vaste pour ne pas s’ennuyer et pouvoir apprendre encore et toujours plus loin.
Mais vous pouvez largement lui apporter des compléments qui permettront de l’enrichir, ne serait-ce qu’intellectuellement.
Attention toutefois à ne pas vous disperser et à choisir des domaines qui augmenteront votre pratique, sans la dévoyer.
Voici quelques suggestions :
- Approfondissement de l’anatomie (par exemple étude des fascias) et de la physiologie (notamment du système endocrinien)
- Étude de l’aromathérapie et de la phytothérapie, afin d’avoir des bases et de pouvoir renvoyer vers des spécialistes en toute connaissance de cause
- Étude de la médecine chinoise ou japonaise (kampo)
- Étude de la moxibustion et des ventouses, utilisation de la lampe chinoise
- Étude de la réflexologie plantaire, palmaire, faciale, etc.
- Étude ou approfondissement de la méditation, de la respiration, du Qi gong et du Taichichuan
- Étude du massage en auriculothérapie…
Le plus important dans tout cela est de pouvoir l’intégrer à vos connaissances et à votre pratique du Shiatsu, mais pas d’en sortir. La première erreur que l’on voit souvent est d’apprendre une nouveauté et de jeter aux orties le Shiatsu. C’est hélas souvent le cas avec ceux qui apprennent l’acupuncture. Une sorte de dédain fait qu’ils méprisent le Shiatsu.
Comme le disait récemment Bernard Bouheret qui répondait à une de ses élèves « certes, on ne saura jamais faire comme un acupuncteur, mais eux non plus ne sauront jamais faire comme un shiatsushi ». Le travail manuel n’a rien à voir avec l’acupuncture et force est de constater que nombre d’entre eux abandonnent les aiguilles pour travailler avec leurs mains.
La seconde erreur est de cumuler plusieurs disciplines en parallèle et de mettre sur sa carte de visite une ribambelle de techniques.
Par rapport au public, c’est généralement contre-productif. Au lieu d’attirer plus de monde, vous allez en faire fuir beaucoup. Lorsqu’on met 2, 3 ou 5 disciplines sur sa communication, cela revient à dire que vous n’êtes spécialiste de rien, mais plutôt un touche à tout.
Mon conseil : accumulez du savoir, approfondissez votre Shiatsu, formez-vous à d’autres techniques complémentaires, mais restez fidèle au Shiatsu.
Vous deviendrez immanquablement le spécialiste que tout le monde voudra aller voir.
Bonne pratique.
Ivan Bel
Praticien et enseignant de Ryoho Shiatsu
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